Depuis combien de temps occupez vous la fonction de président du Syndicat des Deux Rivières ?
J’ai commencé par siéger au syndicat des Deux Rivières en 1989 en tant que délégué pour la commune de Saint-Avit-de-Vialard. Six ans plus tard, en 1995, j’ai été élu vice-président avant d’accéder à la fonction de Président le 1er janvier 2000.
Quel est votre parcours ?
Il est diversifié ! Initialement, je souhaitais devenir douanier mais ce n’est pas tout à fait ce qu’il s’est passé. Après mon service militaire, j’ai saisi l’opportunité d’intégrer les services de la DDE (Direction Départementale de l’Équipement) où j’ai exercé plusieurs postes.
En parallèle de ma carrière professionnelle, j’ai monté une exploitation agricole de toutes pièces. Nous produisons des fraises et des canards en famille. Nous faisons des conserves et de la vente directe, ce qui m’a donné envie d’ouvrir une boutique de producteurs au Bugue il y a douze ans. Dans la boutique, nous étions 17 producteurs au départ et le projet ne cesse de prospérer depuis.
Sur le plan politique, je suis impliqué depuis longtemps dans la vie locale. Pendant 31 ans, j’ai été premier adjoint de la commune de Saint-Avit-de-Vialard et j’en suis le maire depuis quatre ans.
De faire le point sur mes différentes activités, je me rends compte de la chance que j’ai eu et des belles histoires vécues. J’ai sans doute aussi su saisir les différentes opportunités qui se présentaient.
Comment avez-vous eu envie de vous impliquer en faveur de l’eau ?
Je fais partie d’une génération qui a vécu sans eau courante. Jusqu’à l’âge de 16 ans, nous devions porter l’eau sur notre dos. Par la suite, dans les années 70, quand mes parents ont voulu construire une maison, ils se sont heurtés à un problème : il n’y avait pas d’eau disponible. A l’époque, sans eau, obtenir un permis de construire était impossible. Heureusement, nous avons pu capter une source proche de chez eux. J’ai participé aux travaux et je crois que c’est cette première histoire qui m’a sensibilisé aux problématiques liées à l’accès à l’eau potable.
Au début de mon implication dans le syndicat historique : Saint Alvère Lalinde Nord, nous avons inauguré un tout nouveau forage. Lors de l’inauguration de ce forage, et je m’en souviens comme si c’était hier, l’hydrogéologue de l’époque a pris la parole pour nous expliquer la chance que nous avions de boire de l’eau fossile et surtout, d’en prendre grand soin. Ce discours a été un élément déclencheur car j’ai pu saisir l’importance de la protection de cette ressource.
D’ailleurs, un des premiers défis de notre syndicat historique a été la mise en place du PPR (Périmètre de Protection Rapproché) d’un de nos captages qui s’asséchait parfois en été. A l’époque, j’ai passé une convention avec des spéléologues qui ont pu explorer toute la zone pour nous aider à mieux la comprendre. C’était un partenariat précurseur dans ces années-là et surtout, une expérience passionnante de travailler à leurs côtés !
Quels sont les principaux défis auxquels votre syndicat est confronté aujourd’hui ?
En 2015, nous avons réalisé la fusion des quatre syndicats du secteur pour créer le Syndicat des Deux Rivières, en référence aux rivières Vézère et Dordogne. Nous devons sans cesse faire face aux enjeux liés au développement du territoire. Par exemple, un de nos campings accueille 40 000 personnes chaque été, ce qui soulève des questions importantes sur la distribution de l’eau potable mais également sur le traitement et le rejet des eaux usées. Pour anticiper au mieux les pics, tous nos captages sont équipés de l’outil développé par le SMDE 24 : Survéo.
Enfin, nous devons entretenir nos infrastructures et nos réseaux en permanence, ce qui représente un investissement d’environ un million d’euros par an. Cet auto-financement implique d’avoir une bonne gestion financière pour s’assurer d’être peu endettés.
A long terme, quels sont les objectifs de votre syndicat ?
Nous venons de confier l’exploitation de la totalité de notre réseau d’eau potable à la Régie des Eaux de la Dordogne (RDE 24). Jusqu’à présent, l’exploitation était assurée par trois exploitants. Deux délégataires privés : Véolia et Sogedo et un exploitant public : RDE24. Les trois contrats arrivant à échéance, une réflexion a été menée et nous avons fait le choix de confier l’exploitation à la RDE 24 depuis le 1er janvier. Cette décision marque une volonté affirmée de privilégier une gestion publique et locale des ressources en eau.
L’objectif premier des Deux Rivières est de poursuivre une gestion exemplaire de l’eau potable, basée sur des valeurs fortes. Je suis très attaché au service public et aussi à l’eau qui est un bien précieux. Nous avons un devoir envers les générations futures : l’eau que nous préservons aujourd’hui est une ressource pour ceux qui viendront après nous. C’est aussi grâce à l’argent des abonnés que nous le faisons, et nous le gérons comme si c’était le nôtre.
Comment voyez-vous l’évolution du secteur de l’eau potable dans les années à venir ?
Je crois fermement à la gestion en régie publique. J’en rêvais depuis un moment, et nous l’avons fait. La régie RDE 24 offre de très bons résultats, et quand on est attaché à la gestion de l’eau comme je le suis, c’est une immense fierté.